13 oct. 2008

Vin en France : une évolution de la consommation

Il est important de rappeler que le marché français est encore le premier sur le plan international avec un débouché global, y compris eaux-de-vie et usages industriels, d’environ 50 millions d’hectolitres. La consommation de vin est évaluée à environ 32 millions d’hectolitres (Laporte, 2004).

Toutefois, depuis les années 1960, la consommation de vins en France est en constante régression. Nous sommes passés de 100 litres par habitant et par an au début des années 60 à 55 litres lors de la campagne 2003 – 2004 (statistiques OIV, 2004).Cette tendance observée depuis plusieurs années est la conséquence de causes lourdes (désaffection des nouvelles générations, croissance des non-consommateurs, modification des habitudes alimentaires). Les projections faites à l’horizon 2010 ne sont donc pas optimistes. Un recul du marché intérieur est prévu pouvant aller de 5% dans le meilleur des cas à 25% pour la situation la plus critique. Cela dépendra de la croissance du nombre de consommateurs occasionnels et de la baisse des consommateurs réguliers (OIV, 2004).

L’évolution des habitudes de consommation s’est accompagnée d’un changement de statut du produit lui-même (OIV, 2004). Il est d’abord important de caractériser les trois typologies de consommateurs (INRA, 1997) :

- les réguliers pour qui le vin fait partie de la ration alimentaire.
- Les occasionnels qui boivent du vin entre une et quatre fois par semaine.
- Les non-consommateurs qui boivent moins de 3 litres par an.

Nous constatons depuis 1980 un déplacement au sein des différentes typologies de consommateurs.

La part des non-consommateurs âgés de plus de 14 ans a fortement augmenté entre 1980 et 1990. Elle semble stagner depuis 1990. La croissance de cette catégorie entraîne tout de même une perte de quatre millions de consommateurs en 15 ans. Le phénomène est d’autant plus préoccupant que les habitudes de consommations évoluent.
Le recul du nombre de consommateurs réguliers au profit des consommateurs occasionnels est constant. Il est passé de 47% en 1980 à 19% en 2005. Il faut combiner à ces chiffres la croissance démographique. Le vin a donc, en fait, gagné 1 million de consommateurs entre 1990 et 2005 grâce à la faible progression du taux des non-consommateurs. Toutefois sachant qu’un consommateur régulier boit 5 à 6 fois plus qu’un occasionnel, il est naturel que la baisse des volumes de vins vendus s’accentue.

La place du produit dans l’alimentation a également évolué. Même si les Français considèrent le vin comme faisant partie intégrante de leur patrimoine national, il n’est plus la boisson traditionnelle d’accompagnement des repas. En 1980, un repas sur deux en France était pris avec du vin. En 2000, ce n’était plus qu’un sur quatre. L’eau en bouteille est aujourd’hui la boisson la plus consommée.

Nous constatons également un développement des boissons sucrées sans alcool. Elles sont très prisées par les jeunes générations.
Le vin a aujourd’hui, davantage, une place occasionnelle où l’aspect festif et convivial domine (82% des français mettent du vin sur la table pour un repas festif) au détriment d’une consommation régulière qui recouvre l’aspect alimentaire (47% des français mettent du vin sur la table pour une occasion ordinaire).
L’acte d’achat a par conséquent été modifié, le consommateur se tournant de plus en plus vers des vins produits dans une région déterminée (VQPRD) au dépend des vins de table (VDP compris). Nous assistons par conséquent a une nouvelle segmentation du marché (Laporte, 2004). La connaissance de la notion d’AOC a progressé en 10 ans avec 58% des français qui peuvent développer le sigle et 56% qui citent un nom correct d’AOC en 2005. De même, le panel des AOC citées s’est élargi, passant de 108 à 158 entre 1995 et 2005.